Télécharger Ebook , by Jean-François Billeter
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Détails sur le produit
Format : Format Kindle
Taille du fichier : 3227 KB
Nombre de pages de l'édition imprimée : 111 pages
Editeur : Editions Allia (23 octobre 2013)
Vendu par : Amazon Media EU S.Ã r.l.
Langue : Français
ASIN: B00G2ESTBU
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Lecteur d’écran :
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Le sinologue Jean-François Billeter nous apporte dans cet ouvrage un nouvel éclairage sur la philosophie de Tchouang Tseu.A l'instar des grands philosophes grecs Tchouang Tseu, qui a vécu en Chine au cœur d'une époque de grands bouleversements, nous délivre par delà les siècles un message d'une étonnante acuité pour faire face aux grandes transformations de l'époque contemporaine.
Avec ce livre, Jean François Billeter poursuit son remarquable travail d'exploration de la pensée de Tchouang-Tseu, loin des ratiocinations habituelles du monde universitaire.Il montre comment Tchouang-Tseu est d'une certaine manière, à part ; comment cette pensée pourrait permettre de réunir les voies séparées des philosophies chinoises et occidentales.Pour se faire, il met en lumière les causes d'un certain nombre de malentendus persistants et souligne que "la question philosophique et politique se pose aujourd'hui de la même façon dans le monde entier. Et le péril actuel exige qu'elle soit entièrement repensée ..." Citant Hannah Arendt, il propose avec elle que le fondement de la philosophie politique soit désormais "l'étonnement devant la pluralité de l'homme" et c'est dans cette optique qu'il distingue en Tchouang-Tseu l'initiateur d'un dialogue véritable.Billeter est bien au-delà de l'étude savante et à tout moment l'on sent chez lui la volonté de faire le lien à l'histoire en général et à l'époque présente en particulier et c'est bien avec les acteurs historiques que nous sommes qu'il tente de faire dialoguer la lumineuse pensée de Tchouang-Tseu, en la suggestion d'un agir possible.On ne surprendra donc pas qu'il prête tant d'importance au sens des mots et à l'espace de l'imaginaire.Ainsi "C'est par le sens de ces mots qu'il faut commencer. Ils sont les piliers sur lesquels le reste est bâti. Toute pensée, commune ou individuelle, repose sur eux. Tenons aussi compte du fait que le sens d'un mot fondateur est une synthèse. Il rassemble une expérience personnelle et collective - qu'il a aussi contribué à former. Cette synthèse est le résultat d'une histoire toujours particulière. Et la pensée philosophique repose sur ces mêmes bases, toujours particulières. C'est ce qui rend si difficile la communication entre des philosophies de langues différentes : les mots qu'elles utilisent ne se correspondent ni dans leur forme, ni dans l'usage qu'on en fait, ni dans l'expérience dont ils représentent la synthèse."Jusqu'à "Revenons pour finir à l'imagination, telle qu'elle a été définie plus haut, et prenons du champ pour considérer brièvement le rôle qu'elle a joué dans l'histoire. (...) Presque toujours, les synthèses imaginaires qui se sont imposés ont servi les intérêts des minorités qui détenaient le pouvoir et disposaient des richesses. A toutes les époques, des sociétés entières ont pris cet imaginaire pour la réalité même et se sont trouvées soumises, par ce biais, aux intérêts de la minorité. Aucune classe dirigeante ne se serait maintenue si elle n'avait pas fait partager à la société qu'elle dominait une certaine vision des choses."
après avoir été conquis par "Un paradigme" (Allia 2012), J.F. Billeter vous donne un aperçu de ses sources et de la manière dont il c'est acheminé vers sa propre position philosophique. C'est toujours lumineux.
L'auteur est un sinologue. Il s'est penché sur Tchouang-Tseu, un philosophe chinois de l'époque des Royaumes Combattants, qui se situe à l'écart de la filière centrale de la pensée chinoise. Ce dernier a fait l'objet d'un séminaire. Ces Notes se présentent donc dans le prolongement de ce que l'auteur avait dit dans ce cadre. D'où le caractère plus libre, mais aussi plus décousu, de ses propos.En commandant ces Notes, je m'attendais à en savoir plus sur le personnage de Tschouang-Tseu, donc à mieux le contextualiser dans son temps - et surtout à avoir à mon côté un sinologue qui décape le texte initial des incrustations apportées par ceux qui par la suite ont lu Tchouang-Tseu et l'ont instrumentalisé pour leurs propres fins idéologiques.Malheureusement ce n'est pas le cas. L'auteur lui-aussi a son idéologie, qu'il dévoile principalement à partir de la page 90 de cet essai, et il s'est appuyé sur Tchouang-Tseu pour étoffer ses propos sur « l'imagination ». Le résultat est mélangé.De façon caricaturale, car très abrégée, le raisonnement de l'auteur est le suivant. « Les hommes se sont créé des mondes, à partir de leur expérience et de leur connaissances, et l'ont toujours fait par des actes d'imagination » (p. 90). « Les synthèses imaginaires qui se sont imposées durablement ont servi des minorités qui détenaient le pouvoir et disposaient des richesses. » (p. 92). « Pour s'en dégager, il faudra une invention positive. Elle doit se faire, cette fois-ci, dans la conscience claire de la capacité que possède toute association d'hommes libres, d'imaginer la société qui correspondra à leurs désirs et leurs besoins fondamentaux, et de la faculté qu'ils auront toujours de la modifier ensuite quand bon leur semblera. » (p. 96) Athènes à l'époque de Périclès en fut la cristallisation.« D'où peut naître une société autonome sinon, pour commencer, d'actes individuels ? » (p. 101) Voilà la place de Tchouang-Tseu dans le contexte de la pensée chinoise : « il postule l'autonomie de l'homme » (p. 98). Les doctrines contraires qui ont « exercé une influence durable à l'époque impériale sont nées d'une réaction contre l'autonomie et d'une affirmation de l'hétéronomie du social. » (p. 98).Bon, tout ça est bien beau, mais ce pourrait être aussi une instrumentalisation de la pensée originale de Tchouang-Tseu ; il s'agit là de le mettre au service de la philosophie de l'auteur, et de sa vision de « l'homme », selon laquelle « le jugement est notre faculté maîtresse ». (p. 103).Pour celui qui a jeté un coup d'oeil sur les progrès de la logique formelle au siècle dernier, qui en a démontré les faiblesses aussi bien que celle de tout raisonnement déductif, ou qui a suivi les développements des connaissances sur le fonctionnement de notre cerveau - victime, toujours victime d'illusions (voir Kahneman Thinking, Fast and Slow) aussi bien que de forces biologiques -, ou qui a lu avec intérêt les recherches sur les système chaotiques, ou enfin qui s'est penché sur la paléoanthropologie : tout cela sent fort la spéculation au coin du feu et la déduction à partir de postulats. À l'instar d'un givre matinal ces propos pourraient s'évaporer aux premiers rayons du soleil de la « réalité scientifique ». Cette dernière ne nous donnera jamais des « vérités », mais elle déblayera bien le terrain en éliminant toute « vision de l'homme » qui ne colle pas avec ce que nous connaissons de ses limites. Mais passons.L'auteur, digne fils de Nietzsche, est prisonnier d'une vision de l'individu inventif. L'« imagination », une fois née du cerveau de l'individu comme Athène du crâne de Zeus, devrait de quelque façon entrer dans le processus de « concertation » des autres hommes libres. Voilà l'élite qui n'ose pas dire son nom, le maître penseur qui coopte le groupe. Car, c'est quoi cette « concertation » ? Ce ne peut être que la validation de la pensée individuelle supérieure... Ou alors, comment trancher entre différentes « imaginations » ?L'auteur ne peut pas concevoir que le groupe en tant que tel puisse donner naissance, sans même en être conscient, à une vérité émergente - que ce soit le groupe en tant tel, plutôt que l'individu, qui est créateur. Et que la réalité sociale, comme la nature, évolue par l'adaptation lente, plutôt que l'« intelligent design » d'un maître penseur.Pour finir, une petite question. Il semblerait que l'écriture chinoise se soit développée à partir de la scapulomancie (voir Ouyang Zhongshi et al. Chinese Calligraphy). Donc dans un cadre sacré, même si non religieux au sens occidental du terme. Quand l'écriture est sacrée - ou se situent les nouvelles « limites de l'autonomie humaine » que l'auteur évoque à propos de cette Chine de Tchouang-Tseu ?
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